Meilleur ouvrier de France pour l’amour de la gravure

Le Progrès, samedi 5 Mars 2011 – LYON 4, de Florence Fabre.

Au 18/20 de la rue Belfort, l’espace Paul-Pignat accueille les Meilleurs ouvriers de France (MOF) du Rhône. Si, de nombreux métiers peuvent concourir à cette suprême distinction, rares sont les élus. Nicolas Salagnac, graveur médailleur, fait partie de cette élite depuis plus de dix ans, et met en avant la qualité, l’amour du travail bien fait et le perfectionnisme. Cette exigence envers lui-même, il la porte depuis toujours, mais la découvre à l’adolescence quand, pensant suivre les traces de son grand-père, ébéniste, il entre à l’école Boulle et découvre un autre atelier, celui de la gravure sur acier.


Nicolas Salagnac, meilleur ouvrier de France en 2000 Photo Florence Fabre

Il devient responsable d’un atelier de gravure à 25 ans

Le jeune Nicolas se passionne pour la précision et la minutie que cet art requiert. Son diplôme des métiers d’art en poche, il prend la responsabilité d’un atelier de gravure sur Lyon, à 25 ans. Mais après l’euphorie, une période plus difficile s’installe : « Il fallait aller de plus en plus vite, au détriment de la qualité et j’avais l’impression de ne plus avancer dans ma profession », se souvient-IL En 1997, parallèlement à son travail, il s’inscrit au concours d’« un des meilleurs ouvriers de France » et pendant trois ans, passe tout son temps libre à sculpter en bas-relief et en négatif, deux matrices de médailles demandant technicité et sens artistique.

Reçu en 2000, Nicolas estime que « ce concours reste ardu, car on est jugé par ses pairs et pour son travail ». Vivre l’excellence oblige à une éthique de vie professionnelle teintée de valeurs, dont celle de transmettre son savoir-faire. Il s’investit aussi au sein de l’association des MOF, en tant que responsable de la communication pour le Rhône. Ces trois lettres restent un tremplin et l’ont poussé à se mettre à son compte depuis 2003 à Villeurbanne, mais il se bat pour sauvegarder son indépendance afin de continuer à faire du « beau travail dans les règles de l’art », sans être soumis au diktat de la rentabilité. Il crée pour les institutions, dont la Ville de Lyon, l’Elysée, la villa Médicis… Si les médailles commémoratives, d’honneur…demeurent l’essentiel de son oeuvre, aujourd’hui, il se libère aussi de ce cadre conventionnel pour s’exprimer plus librement dans la statuaire et le bas-relief.
www.nicolas-salagnac.com

Un savoir-faire reconnu dans le monde entier

La société nationale des Meilleurs ouvriers de France (MOF) ancre ses racines à Paris en 1929, pour revaloriser le travail manuel et mettre en avant savoir-faire et qualité.
Christian Janier, MOF en fromagerie et président de la section du Rhône depuis 2007, précise : « Le concours des meilleurs ouvriers de France », diplôme d’état de niveau III, a deux spécificités : il est triennal et ne peut être obtenu par la Validation d’acquis d’expérience (VAE) ». Cette élite française totalise 10 000 lauréats, en 24 concours pour 200 spécialités représentées. « Aujourd’hui, nous sommes 2 500 en activité », dans les secteurs de l’artisanat, des services et de l’industrie. Un cercle très fermé, à l’identité forte avec ses règles, rites et insigne. « Nous avons notre charte prônant la perfection dans le travail, la modestie dans l’attitude, la transmission et la solidarité, mais aussi une prestigieuse cravate : le ruban tricolore, agrémenté de la médaille, créée par l’artiste Henri Lagriffoul en 1932 ».
www.mof69.fr