Ouvrage : « ABSOLU » de Christophe Magnette – Beau livre (relié). Paru en 02/2014
Nicolas Salagnac. La matrice du travail bien fait.
Gravure sur acier, MOF 2000
«Avec le recul, ce sont peut-être mes trois échecs au concours d’entrée à la Monnaie de Paris qui m’ont motivé pour m’inscrire à celui des Meilleurs Ouvriers de France, en 1997. Une période de ma vie, au cours de laquelle j’aspire à continuer à évoluer dans mon métier. Histoire de prouver, une bonne fois pour toute (sic), que je peux mettre à profit ce que mes ainés m’ont transmis ! Je pense notamment, à Claude Cardot, graveur sur acier qui m’a mis des étoiles dans les yeux et Bernard Turlan, maître graveur retraité de l’Établissement monétaire de Paris, dont les soirées passées dans son atelier demeurent mémorables.
A 27 ans, ma formation à l’École Boulle (design et métiers d’art) en poche, et une carrière professionnelle déjà émaillée par une expérience originale d’Augis), à Dardilly, je me lance dans cette nouvelle aventure !
Trois ans de préparation au concours m’attendent en dehors de mes heures de travail et durant le week-end qui vont donner un autre sens à ma carrière. Je pars à la rencontre des meilleurs graveurs de France, multiplie les visites dans les musées et les expositions d’art. J’apprends l’humilité, la patience. La minutie. Et découvre que je dois me diversifier et mieux affûter mes poinçons !
Devenir MOF n’apporte pas seulement une notoriété. C’est adhérer à une philosophie, des valeurs que d’autres m’ont transmises et que je véhicule, aujourd’hui, auprès des jeunes que je forme.
J’éprouve du plaisir à travailler chaque matrice que je façonne. Chaque médaille que je fabrique. Je prends le temps (peut-être trop ?) de rencontrer les clients. D’écouter leurs demandes. De les conseiller, qu’il s’agisse ou non d’importantes commandes. Ma priorité ? Rendre un travail de qualité et dans les temps. Qu’importe les heures passées.
Face à mon bloc de métal, dans mon atelier (ndlr : dans les locaux de l’atelier Charles Jouffre), comment ne pas penser à mes journées passées avec mon grand-père ? Lui qui bricolait avec passion dans sa cabane de jardin imprégnée d’odeurs de copeaux de bois. Autant de souvenirs qui ont bercé ma jeunesse normande et qui ne peuvent que m’inciter à faire perdurer mon métier, devenu si rare.
Depuis 2000 et mon titre de MOF, je suis porté par une vague. Et je m’échine à la surfer au maximum. [sourire] Les journées sont presque trop courtes : je mène de front ma carrière de graveur, celle d’enseignant, ma vie de famille et de membre du bureau des MOF du Rhône. Mais quelle vie, empreinte de passion et de transmission ! »
FLORILÈGE DES MÉDAILLES FRAPPÉS DU SCEAU « SALAGNAC »
Villa Médicis, Académie de France à Rome
Présidence de la République Française
Trophée international « Mondial du Pain »
Médaille officielle de la ville de Lyon
Gendarmerie Royale du Maroc
Toques Blanches du Monde
Jetons touristiques (représentant Mona Lisa, la Victoire de Samothrace) du Musée du Louvre
L’Enlèvement de Proserpine, de Le Bernin
Création du Challenge Culinaire du Président de la République française
Le (premier) Trophée Marcel Le Servot
« Taille directe » d’après le visage d’Elisabeth Vigée-Lebrun
“En 2007, j’avais remporté le marché pour graver la médaille de l’Élysée. Je me souviens du premier rendez-vous avec la directrice de cabinet de Nicolas Sarkozy (pas disponible malheureusement) pour le choix du modèle souhaité. Me voilà donc au palais présidentiel muni de grandes valises remplies de mes modelages en plâtre. Sous les ors de la République, je dévoile mon travail face à des fonctionnaires aussi intrigués qu’ébahis… Une très belle expérience.”
En quête… d’Absolu !
C’est un acronyme qui a gagné ses galons au Panthéon de l’excellence : M.O.F pour Meilleurs Ouvriers de France. Trois lettres qui poursuivent pour dessein - depuis l’origine - de sublimer le geste et de valoriser le travail manuel.
Une histoire qui doit beaucoup à Lucien Klotz (critique d’art et journaliste) qui, le premier, entend promouvoir le savoir-faire français et ce, dès 1913, lors d’une grande Exposition Nationale du Travail. Il faut attendre octobre 1924 pour que son vœu se réalise : 144 diplômes sont attribués et remis sous les ors de la Sorbonne. Trois ans plus tard, le second concours rend son verdict. L’histoire est lancée. Depuis, plus de 9 000 personnes, hommes et femmes, dont 456 rhodaniens, ont reçu ce titre prestigieux, symbole du made in France.
D’abord très parisien, le concours des M.O.F se propage peu à peu en province. Dans le Rhône notamment. Non sans mal : dès 1939 des velléités se font jour. Mais il faut attendre le 11 mars 1951, et la première assemblée générale du groupement délégué de la section du département.
C’est cette histoire rhodanienne qu’Absolu se propose de vous raconter en mettant en exergue les hommes et les femmes qui ont fait, chacun dans leur domaine, de leur métier un art. Mieux, un art de vivre animé par un don de soi évident et porté par des valeurs immuables : formation, transmission, passion. Qu’ils s’appellent Nandron, Bocuse, Têtedoie, Paillasson, Salagnac, Bitsch ou Le Ny ; qu’ils soient tapissiers, graveurs, sertisseurs, coiffeurs, fromagers, cuisiniers ou charpentiers, tous ont en commun d’avoir à l’esprit une certaine idée du travail” très” bien fait !
Des hommes et des femmes en quête d’excellence bien sûr, et d’absolu, surtout !