Nicolas Salagnac

Bernard Chambon, MOF 2000, gravure sur cuivre pour l’impression

XXI e concours : Un des Meilleurs Ouvriers de France Période 1997/2000.
Gravure sur cuivre pour l’Illustration.

Bernard Chambon, MOF 2000, gravure sur cuivre pour l’Illustration.

Sujet imposé

Gravure sur cuivre de reproduction au burin, à l’eau-forte ou à l’aquatinte pour impression. Reproduction d’un détail de “Freedom of Worship” de Norman Rockwell, format 165 x 115mm. Techniques traditionnelles manuelles à l’initiative du candidat.
Avant de commencer le travail, j’en ai cerné les principales difficultés :
– le choix d’une technique propre à rendre au mieux l’aspect satiné de la peau et l’effet de clair-obscur.
– le respect scrupuleux du dessin d’origine.
– un tirage de grande qualité.
– j’ajoute que la gravure doit être réalisée en “miroir”.
Au regard de ces différents paramètres, j’ai choisi la technique de la manière noire ou mezzotinte.

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J’ai réalisé cette gravure en quatre étapes, volontairement espacées dans le temps afin de pouvoir exercer une autocritique :
Grainage de la plaque de cuivre à l’aide du berceau (36 passages).
Premier passage : Dessin général à la pointe sèche, après quadrillage. Mise en place des principaux volumes et des zones claires.
Deuxième passage : Dessin détaillé. Gravure de chaque cheveu, ride, tache de la peau, dent du peigne, cil…
Troisième passage : Mise en place de l’effet de clair-obscur. Travail des gris.

Cette réalisation m’a demandé environ 200 heures de travail.

Sujet libre d’illustration

Gravure sur cuivre au burin, à l’eau-forte ou à l’aquatinte pour impression. Le format maximum de l’œuvre sera le format in quarto (210 x 297 mm). La technique utilisée ainsi que le nombre des couleurs employées seront à l’initiative du graveur.
1er sujet : « Don Juan aux enfers » d’après les « Fleurs du Mal » de Charles Baudelaire
2ème sujet : « Paris an 3000 »
3ème sujet : « L’univers de Fellini »Sujet-libre-Bernard_Chambon_MOF

Sujet choisi
« Don Juan aux enfers » d’après les « Fleurs du Mal » de Charles Baudelaire

Pour cet exercice, mon objectif majeur fut de passer du mode écrit ou oral au mode de l’image sans trahir la pensée de Charles Baudelaire. Ce travail de création ne peut donc s’entreprendre sans avoir procédé au préalable à une analyse minutieuse du poème.

Les difficultés de la conception et de la réalisation de l’illustration se concentrent autour de l’élaboration d’une structure cohérente permettant :
– d’obtenir un effet de profondeur.
– de réunir les visages des différents acteurs.
– de mettre en interaction différentes scènes sans en privilégier aucune.
– de traduire par des contrastes violents l’ambiance dramatique du poème.

Composition. L’illustration comporte deux parties :
– dans la partie supérieure figurent les visages des différents acteurs (structure linéaire).
– dans la partie inférieure se déroule l’action.

J’ai utilisé comme structures :
1- deux rectangles d’or imbriqués ainsi que deux de leurs diagonales pour situer « la Mort », « la Vie », le « Passage »
2- une échelle de demi-droites horizontales alternées pour traduire la notion « d’Infini »
L’ensemble apparaît alors comme un spectacle dont les acteurs sont en même temps les spectateurs. Par sa petitesse et son aspect évanescent, la barque qui s’éloigne symbolise « le Passage ». L’effet de mystère est accentué par la technique de la manière noire.

J’ai pris la liberté d’ajouter deux images :
– les soudards émergeant de l’ombre témoignent de ma vénération pour Rembrandt
– l’anamorphose du masque mortuaire de Charles Baudelaire rend hommage aux peintres et graveurs de la Renaissance férus de géométrie projective. Elle signe cette illustration.

Cette réalisation m’a demandé environ 200 heures de travail, auxquelles il convient d’ajouter une importante recherche documentaire dont la durée est quantifiable en mois.

Je tiens tout particulièrement à remercier pour leurs aides précieuses :
Mme. Michèle Wolff – Mr. Pierre Pignat – Mr. Bernard Steff – Mrs. Jean Closset, Bruno Casetto, et Pierre Pradeilhes tous MOF. Mr. Moret, imprimeur en taille-douce à Paris. Ma reconnaissance va à Mr. Alain Piroir, graveur et imprimeur en taille-douce à Montréal, qui m’a transmis son savoir.