Nobel, sportifs, Lyonnais méritants : Collomb a épinglé 466 médailles. Article du Progrès

Article du Progrès du Lundi 21 Janvier 2008, écrit par Bénédicte Georges.

Depuis 2001, et jusqu’à cette fin de mandat, Gérard Collomb a délivré à 466 reprises la médaille de la Ville de Lyon. Suffisamment peu pour garder de la valeur à cette reconnaissance officielle.


En novembre dernier, l’écrivain Jim Harrison avait reçu la médaille de la ville de Lyon/ Photo DR

Le Danseur Abdelkader Chelef est le dernier en date, rejoignant ainsi le basketteur Tony Parker, les prix Nobel Yves Chauvin, Robert Grubbs, Richard Schrock, l’écrivain américain Jim Harrison, le rugbyman Jean-Pierre Rives mais aussi des Lyonnais moins médiatiques sur la liste des médaillés de la ville de Lyon.

Fini le circulaire et la face de l’hôtel de ville avec la médaille de Nicolas Salagnac : retour au carré des années trente et en perspective les deux ailes robustes de l’hôtel de ville ouvertes sur la ville./ Photo DR

Les demandes passent par le cabinet du maire, à charge pour le service protocole de mettre en œuvre la remise. Le jour venu, il ne reste plus à graver le nom du récipiendaire.

Cette tradition permet de saluer celles et ceux qui ont « mérité », en œuvrant au rayonnement de la Ville. La médaille étant remise à l’occasion d’un événement tel les trophées des champions de France de l’OL, la Coupe du monde de rugby ou lors d’une cérémonie d’hommage. « Certains récipiendaires qui croulent déjà sous les honneurs se moquent un peu ou beaucoup, de la médaille. En revanche l’émotion est là pour celles et ceux qui ne sont pas familiers des lambris et grands salons : la médaille veut dire quelque chose, exprime une reconnaissance », explique une élue. Et à sa valeur symbolique s’ajoute une valeur artistique depuis que l’objet a pris un coup de jeune : depuis novembre 2006, les nouveaux modèles carrés en bronze (35 euros) et vermeil (300 euros) sont de Nicolas Salagnac, graveur médailleur Lyonnais, meilleur ouvrier de France. « On n’entend plus ce genre de réflexion : j’aurais préféré un sac à dos » sourit l’élue. « C’est un bel objet ».

Domaine sportif, culturel ou associatif

Depuis le début du mandat de Gérard Collomb 466 médailles ou sceaux ont été remis essentiellement dans les domaines sportifs culturels ou à la demande du milieu associatif. Suffisamment peu, pour leur garder de la valeur certaines collectivités les distribuent lors des noces d’or, des anniversaires de centenaires…

A Lyon, les demandes passent par le cabinet du maire à charge pour le service protocole de mettre en œuvre la remise. Le jour venu il ne reste plus qu’à graver le nom du récipiendaire sur les médailles frappées par la Monnaie de Paris.

Une étape qui a failli déclencher un incident diplomatique il y a quelques années lors de la réunion du G7 à Lyon : les chefs d Etat devaient recevoir au nom de leur pays la médaille de la ville. Fut gravé sur le revers de l’une d’elle « Grande-Bretagne ». Une bévue de taille repérée in extremis par le quai d’Orsay qui a rapidement exigé que la mouture soit envoyée à la casse pour la remplacer par « Royaume-Uni ». Histoire de ne pas oublier l’Irlande du Nord…

La ville n’a jamais beaucoup payé pour ses médailles


Un siècle de médailles Ville de Lyon présenté par Jean-Pol Donné/ Photo Richard Mouillaud

Récompenser, c’est bien. A moindre coût, c’est encore mieux. Jusqu’au recours aux talents de Nicolas Salagnac, la ville de Lyon n’avait jamais consacré beaucoup d’argent à ses médailles. « Pendant des années la ville s’est contentée, parce que c’était moins cher, de réutiliser des modèles qui n’avaient pas été créés pour elle des passe-partout. Seul caractère officiel : figurait au revers « Offert par la ville de Lyon » », explique Jean-Pol Donné, président du cercle lyonnais de numismatique qui travaille à un ouvrage de référence sur les médailles lyonnaises.

Bel exemple d’amortissement : la médaille qui a précédé celle de Salagnac datait des années vingt…

En la matière. Lyon a toujours fait dans la sobriété. Dans les années soixante et soixante dix fut aussi distribuée celle de Pénin créée pour le bimillénaire de Lyon, en 1958, à l’origine vendue par le Syndicat d’initiative. On liquida le stock pendant plusieurs années.

A la même époque on remet aussi une réalisation de la maison Augis, rival malheureux de Pénin. « Les plus anciennes de ces médailles de ville se retrouvent dans les vide-greniers, les brocantes, sur e-bay. Quand elles ne disparaissent pas dans les cambriolages », relativise Jean-Pol Donné. Et leur valeur ne dépasse pas les 15 euros…

B.G.