Médaille sur “ l’Enseignement à Lyon”, 2012

Médaille sur “ l’Enseignement à Lyon”, 2012

Médaille carrée 90 mm, simple face, sur l'enseignement à Lyon. Création et gravure Nicolas Salagnac, édition Pichard-Balme.

Triptyque sur le thème de l’évolution des métiers à Lyon : 2012, l’Enseignement.

Edition 2012. Chaque année nous proposons à Nicolas SALAGNAC, graveur médailleur, Meilleur Ouvrier de France, de mobiliser son art pour promouvoir un personnage illustre ou un chef d’œuvre en rapport avec la ville de Lyon. Ainsi est né le projet de rendre hommage successivement à l’évolution de trois grands métiers associés au rayonnement lyonnais. Après la médecine en 2010 et l’automobile en 2011, l’enseignement, révélateur de tant de vocations et de talents, s’est imposé pour compléter ce tryptique.
Gérard COLLOMB, Sénateur – Maire de Lyon, s’est de nouveau associé à cette réalisation et nous le remercions vivement d’avoir rédigé la préface de ce livret.

Michel CHENEVAT, Directeur Régional, EIFFAGE CONSTRUCTION CENTRE EST

L’Enseignement à Lyon

Lieux d’échanges et de brassages, les grandes métropoles sont aussi des foyers de diffusion des savoirs. L’histoire de Lyon en atteste à chaque étape de son évolution, de son rôle dans le rayonnement de la pensée humaniste, à la Renaissance, à la création de son Université à la fin du 19e siècle. Une histoire dense, que ce livret nous permet de redécouvrir, pour illustrer la médaille réalisée par Nicolas Salagnac. En mettant en valeur, à côté de l’Université, l’école de la Martinière et la Société d’Enseignement Professionnel du Rhône, cet artisan de talent a saisi l’un des traits marquants de notre Cité : sa capacité à jeter des ponts entre le monde économique et celui de la formation. C’est cette dynamique que nous renforçons aujourd’hui en permettant aux acteurs de l’enseignement d’être reliés à la vie de la Cité, dans toutes ses composantes.

Outre les actions que nous menons pour la réussite des 34 000 élèves des écoles de Lyon, nous avons choisi de faire de l’enseignement supérieur, de la recherche et du développement technologique des priorités pour l’avenir de notre métropole. C’est le sens de la démarche novatrice que nous avons lancée au Grand Lyon avec le Pôle de Recherche et d’Enseignement Supérieur à travers le Schéma de Développement Universitaire. Dans un monde marqué par l’accroissement permanent de la production et de la diffusion des connaissances, renforcer la place de l’éducation est en effet une nécessité absolue.

Je remercie Nicolas Salagnac pour son remarquable travail, qui clôt le troisième volet du triptyque sur l’évolution des métiers à Lyon réalisé pour le groupe Eiffage. C’est un bel hommage au rôle, essentiel, de l’enseignement dans nos sociétés : non seulement transmettre des savoirs, mais éveiller les consciences, ce que Jean-Jacques Rousseau définissait comme « la première de toutes les utilités : l’art de former les hommes ».

Gérard COLLOMB, Sénateur-Maire de Lyon, Président du Grand Lyon

L’évolution de l’enseignement à Lyon

Si, pendant l’Ancien Régime, Lyon n’a pas d’Université, il bénéficie, malgré tout, d’un enseignement supérieur. Ainsi, depuis 1595, une formation en médecine et en chirurgie est dispensée officiellement par le collège des médecins, une autre par le collège des chirurgiens en 1725 à lesquelles s’ajoute en 1753 un enseignement hospitalier. Après la disparition, à la fin du XIVème siècle, des écoles supérieures de droit du cloître et de la municipalité, Lyon doit se contenter d’une chaire de droit créée en 1700. Cependant, le Grand Collège ou Collège de la Trinité, créé en 1527, repris par les Jésuites en 1565 et les Oratoriens en 1763 et le Séminaire Saint-Irénée administré par les Sulpiciens, jouent un rôle essentiel dans la formation des élites tandis que les écoles des pauvres, fondées par Charles Démia, tenues par des prêtres séculiers pour les garçons et par les sœurs Saint-Charles pour les filles, accordent un enseignement gratuit aux enfants des classes populaires. L’Ecole vétérinaire, ouverte le 1er janvier 1762, connaît des débuts modestes.

La réorganisation des études engagée sous la Révolution, le Consulat et l’Empire ne profite guère à la ville de Lyon. Après avoir été le siège de l’Ecole centrale du département du Rhône (1797-1803), elle est pourvue en 1803 d’un lycée (Lycée de Lyon, devenu lycée Ampère depuis 1888) et de facultés académiques en 1809 : faculté des sciences, faculté des lettres et faculté de théologie. Néanmoins, elle n’obtient ni une école de commerce, ni des facultés professionnelles, droit et médecine, et doit se contenter de la restauration en 1805 de son école de dessin, fondée en 1756, sous le nom d’Ecole spéciale de dessin, devenue par la suite Ecole des Beaux-Arts où dans ses locaux se constitue en 1906 une Ecole régionale d’architecture promue depuis Ecole nationale d’architecture et installée actuellement à Vaulx-en Velin.

Même si les facultés des sciences et des lettres, supprimées en 1815, sont rétablies respectivement en 1833 et en 1838, l’enseignement universitaire reste pratiquement inexistant. Certes, l’autorité centrale accepte la constitution en 1820, de l’Ecole secondaire de médecine de l’Hôtel-Dieu, puis en 1841, de l’Ecole préparatoire de médecine et de pharmacie, sans toutefois leur donner le droit de décerner les grades. Enfin la loi du 8 décembre 1874 crée la Faculté de médecine et de pharmacie, seulement organisée le 24 avril 1877. Quant au droit, après l’essai de l’Ecole du Palais en 1868, la Faculté de droit ouvre le 29 octobre 1875. De leur côté, profitant de la loi du 12 juillet 1875 sur la liberté de l’enseignement, un groupe de prêtres et de laïcs, décide d’ouvrir une faculté catholique de droit dès le 20 novembre de la même année et d’y adjoindre en 1877 une faculté des lettres et une faculté des sciences, mais avec la loi du 18 mars 1880, ces facultés ne pourront pas s’ériger en Université catholique.

La loi du 10 juillet 1896 permet aux facultés publiques de s’organiser en Université en 1896 si bien qu’en 1914, Lyon est déjà le deuxième centre universitaire de France avec environ 2 500 étudiants, diversifiant ses formations avec de nombreuses écoles professionnelles. Parmi elles, nous citons les plus importantes : l’Ecole de la Martinière de garçons officialisée par l’ordonnance royale du 29 novembre 1831 et celle de filles, inaugurée le 19 mai 1907, l’Ecole centrale ouverte en 1857 à l’initiative de Désiré Girardon, l’Ecole de commerce créée en 1872 avec l’appui de la Chambre de commerce, le Conservatoire de musique constitué en 1874 et réorganisé en 1904 sous le nom de Conservatoire de musique et de déclamation, l’Ecole de la Salle fondée en 1881 par les frères des écoles chrétiennes, l’Ecole pratique d’agriculture d’Ecully réaménagée en 1882, l’Ecole supérieure de chimie industrielle édifiée en 1883, les Ecoles normales de garçons et de filles, inaugurées respectivement le 5 octobre 1885 et le 8 octobre 1888, l’Ecole du service de santé militaire obtenue en 1888, l’Ecole dentaire établie en 1899. Enfin, la société d’enseignement professionnel du Rhône, fondée en 1864, assure un enseignement professionnel pour les adultes.

De son côté l’enseignement secondaire voit ses effectifs augmenter si bien qu’un deuxième lycée, le lycée du Parc, est ouvert en 1914 tandis que le lycée Edgar Quinet, établi depuis 1883, scolarise des jeunes filles. A côté des établissements publics, il y a de nombreuses écoles libres religieuses dont les importantes sont l’Institution des Chartreux, l’Institution des Lazaristes, l’Externat Sainte-Marie, l’Institution des Minimes et l’Ecole Ozanam.

La situation ne change guère jusqu’à l’ère des réformes 1959-1963 en vue de la démocratisation de l’enseignement secondaire qui doit reposer dorénavant sur la distinction en degrés successifs de formation. L’enseignement universitaire, incapable de répondre à ces nouveaux défis, est confronté à la crise de mai 1968 dont la conséquence est le vote, le 10 octobre 1968, de la loi sur l’orientation de l’enseignement supérieur dite loi Edgar Faure. Son application se traduit par l’arrêté du 5 décembre 1969 qui crée l’Université de Lyon 2 regroupant les sciences humaines, sociales, juridiques et économiques et celui du 17 décembre 1970 qui établit l’Université de Lyon 1 rassemblant sciences, médecine et pharmacie. Par suite d’une scission de Lyon 2, Lyon 3 est créé par le décret du 26 juillet 1973. L’ensemble universitaire est renforcé par l’installation en 1986-1987, de la section scientifique de l’Ecole normale supérieure de Fontenay/Saint-Cloud, dans le quartier de Gerland, sous le nom d’Ecole normale supérieure de Lyon. Elle est rejointe en 2000 dans le même quartier par la section littéraire sous le nom de ENS lettres et sciences humaines (ENS LSH). Les deux fusionnent le 1er janvier 2010 sous l’appellation d’Ecole normale supérieure de Lyon.

Parmi les principales fondations des instituts et des écoles spécialisées, il faut citer en particulier, l’Ecole nationale supérieure de la police, installée en 1946 à Saint-Cyr au Mont d’Or, l’Institut d’études politiques (Sciences Po.Lyon) créé par le décret du 4 mai 1948, l’Institut National des Sciences Appliquées (INSA) institué par la loi du 18 mars 1957, l’Ecole nationale des travaux publics de l’Etat édifiée en 1954, installée à Vaulx en Velin depuis 1975, le Conservatoire national supérieur de musique et de danse (CNMD) édifié en 1980, l’Ecole nationale supérieure de bibliothécaires, transférée à Villeurbanne en 1974, devenue en 1992 l’Ecole nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques (Enssib).

Pour mutualiser les moyens, il est décidé d’instituer en décembre 1995 le pôle universitaire de Lyon qui devient le 21 mars 2007, sous la dénomination d’Université de Lyon, un pôle de recherche et d’enseignement supérieur (pres). En 2011, elle regroupe 19 universités, grandes écoles et instituts des agglomérations lyonnaise et stéphanoise, dont 8 membres fondateurs et 11 membres associés. Elle compte plus de 130 000 étudiants, 11 500 chercheurs et enseignants, 5 700 diplômés d’ingénieurs, 5 000 doctorants et 230 laboratoires associés.

Un projet de restructuration universitaire, plan campus de Lyon, a été labellisé en septembre 2008 par le ministère de la recherche et de l’enseignement supérieur dans le cadre de l’opération campus pour rénover les grands ensembles universitaires. Les sites du campus Lyon Tech-la Doua et de Charles Mérieux ont été retenus. Deux autres campus Lyon-Bron Porte des Alpes et Rockefeller Lyon Santé Est bénéficieront d’une réorganisation grâce aux collectivités locales avec l’ambition pour le premier, de participer au développement économique et sociétal du territoire et pour le second, d’être un des dix principaux biomédicaux d’Europe. Le volume des opérations prévues pour les sites retenus entre fin 2011 et 2018, représente 460 000 m2 de bâtiments à réhabiliter et 130 000 m2 à construire avec un coût de 700 millions d’euros. Sont engagés sous la responsabilité du pres, l’Etat, la région, le département, le grand Lyon et des partenaires du privé.

L’Université Claude Bernard Lyon 1, l’INSA et l’Ecole Supérieure de Chimie et Physique Electronique veulent faire du campus de Lyon Tech-La Doua une référence mondiale de cleantech en s’appuyant sur leurs deux domaines d’excellence : chimie et ingénierie au service du développement durable. Sur le site de 100 hectares, comptant 22 000 étudiants, 1 500 chercheurs et 1 300 doctorants, il est prévu de développer de nouvelles surfaces afin d’accueillir de nouvelles offres d’hébergement pour les étudiants, une maison de l’innovation, des hôtels à projets, de jeunes entreprises axées sur les thèmes de l’énergie, la qualité de l’eau et les déplacements. Le campus Charles Mérieux, associant les biosciences et les sciences humaines et sociale, relie le site universitaire des quais du Rhône au CHU de Lyon Sud via le quartier de Gerland où sont implantés en particulier Biopôle, la pépinière Tony Garnier et le laboratoire P4. Sont parties prenantes dans le projet de rénovation, l’Université Claude Bernard 1, l‘Université Lumière Lyon 2, L’Université Jean Moulin Lyon 3, L’Ecole Normale Supérieure de Lyon, l’Institut d’Etudes politiques de Lyon et Vet Agro Sup. Le projet commun doit permettre la rencontre entre les biosciences et les sciences humaines et sociales. De leur côté EM Lyon business school et l’Ecole centrale sur le campus de Lyon ouest ont développé leur coopération et veulent créer une école d’innovation pluridisciplinaire.

Ainsi, en liaison avec l’Agence pour le développement économique de la région lyonnaise (Aderly), le plan Campus de Lyon doit faire du Grand Lyon un pôle mondial de recherche et de développement en favorisant les partenariats entre les entreprises et les universités, avec l’appui des collectivités territoriales. L’enjeu est donc considérable puisque l’enseignement supérieur constituera la clef de voûte de l’activité des métropoles.

Roland SAUSSAC, professeur honoraire CPEC au Lycée du Parc, agrégé d’histoire et docteur d’Etat

L’école centrale de Lyon et de Pékin

Au milieu du 19ème siècle, la révolution industrielle bat son plein.

A Lyon notamment, ce bouillonnement d’activité se déploie avec une vigueur particulière ; des entrepreneurs, des hommes d’affaires, réalisent que le développement industriel requiert des ressources humaines de qualité, des ingénieurs. Le mouvement est conduit par un homme d’exception, François-Barthélémy Arlès-Dufour. Immergé très jeune dans les affaires, il s’est vite distingué par de brillants succès et a participé à la grande aventure du Canal de Suez. Saint-simonien militant, il a des idées très évoluées sur le progrès social et sur l’égalité des hommes et de femmes.

Désiré GIRARDON, professeur à l’école de la Martinière, est chargé du dossier. La conclusion tient en deux points : il faut créer une école d’ingénieurs à Lyon et le modèle qui semble le plus adapté est celui de l’Ecole Centrale des Arts et Manufactures, créée en 1829 à Paris.

Ainsi naît l’Ecole Centrale Lyonnaise, qui ouvre ses portes en 1857 à l’angle de la rue d’Enghien (future rue Vauban) et du cours de Bourbon (futur quai Castellane, puis quai Général-Sarrail), avec une première promotion de quatorze étudiants. En 1869, elle transfère ses locaux rue Augagneur avent de migrer rue Chevreul en 1901. Pendant environ un siècle, l’Ecole Centrale Lyonnaise restera essentiellement focalisée, dans son recrutement comme dans ses débouchés, sur sa région, conformément à sa vocation d’origine. Elle aura toutefois au début du 20ème siècle un directeur visionnaire en la personne d’Henri Rigollot. En 1913, celui-ci sera à l’origine de la fondation de l’Ecole Nationale d’Ingénieurs de Beyrouth (ENIB), qui aujourd’hui encore garde très vive la mémoire de cette filiation. Une telle initiative, voici un siècle, témoigne de l’esprit conquérant qui régnait à l’époque à Lyon. Après la seconde guerre mondiale, l’Ecole connaît un élan vigoureux sous l’impulsion de trois directeurs successifs : Paul Comparat (1946 – 1976), André Moiroux (1976 – 1988) et Jacques Bordet (1988 – 1994). Il s’agit de donner à l’Ecole un grand rayonnement national et international. Deux orientations stratégiques sont définies, qui restent toujours pertinentes : développer une recherche puissante et engager une ouverture internationale dynamique. En 1967, l’Ecole quitte les locaux de la rue Chevreul dont l’exigüité limitait la taille des promotions à 70 étudiants pour s’installer à Ecully. Elle change de nom et devient Ecole Centrale de Lyon. La tradition rapporte que les pavés de la cour d’honneur furent posés en mai 1968, au rebours de tout ce qui se passait ailleurs…

Le développement de la recherche est une œuvre de longue haleine, qui suppose le recrutement d’enseignants-chercheurs de haut niveau d’une part, la réalisation d’investissements lourds, souvent en partenariat avec des entreprises, d’autre part. Cette politique, poursuivie au fil des décennies, porte ses fruits. L’Ecole Centrale de Lyon appartient aujourd’hui au cercle restreint des écoles d’ingénieurs habilitées à délivrer le diplôme de docteur. Ses laboratoires sont tous associés au CNRS, ses performances lui permettent de figurer en position plus qu’honorable dans les compétitions pour décrocher des contrats de recherche européens ainsi que des financements liés à des programmes nationaux tels que LabEx (Laboratoires d’Excellence) ou EquipEx (Equipements d’Excellence).

Les premières coopérations internationales s’engagent, d’abord avec l’Allemagne et notamment la Teschnische Universität Darmstadt (1968), puis avec de nombreuses autres grandes universités allemandes, italiennes, espagnoles, belges, etc. Elles s’étendent rapidement aux Etats-Unis et, sous l’impulsion de quelques étudiants motivés, au Japon (1980). Au milieu des années 80, un nouveau pas est franchi avec l’établissement de coopérations avec des universités chinoises, ce qui donne à l’Ecole Centrale de Lyon une avance remarquable par rapport à ses concurrentes.

En 1990, les directeurs des deux Ecoles Centrales (Jacques Bordet à Lyon et Daniel Gourisse à Paris) décident de donner une plus grande visibilité internationale au label Centrale. Il faut accroître les effectifs, par de la croissance interne et de la croissance externe. Le recrutement de Centrale Paris passe de 300 étudiants par an dans les années 70 à 540 actuellement. Celui de Centrale Lyon, dans le même temps, passe de 70 à près de 400 aujourd’hui.

Mais cela ne suffit pas. Les deux Ecoles Centrales « historiques » décident alors de labéliser « Centrale » des écoles existantes et dont la culture pédagogique est cohérente avec la leur. C’est ainsi que l’Institut du Nord devient l’Ecole Centrale de Lille et l’Ecole Nationale Supérieure de Mécanique de Nantes se mue en Ecole Centrale de Nantes. Le Groupe des Ecoles Centrales est né. Il s’enrichit en 2006 de l’Ecole Centrale de Marseille, née de la fusion de quatre écoles d’ingénieurs marseillaises, largement sous l’impulsion de Centrale Lyon.

Aujourd’hui, l’Ecole Centrale de Lyon se classe parmi les dix plus prestigieuses écoles d’ingénieurs françaises. L’excellence de sa recherche lui vaut de figurer en bonne place dans les compétitions internationales et nationales, élément essentiel alors que les gouvernements, dans tous les pays, cherchent à concentrer les financements publics sur les meilleurs laboratoires. Son rayonnement international ne cesse de se renforcer, dans le monde entier ; au-delà de l’Europe, elle est très active en Russie, au Brésil et surtout en Chine où elle fut à l’origine, au début des années 2000, de la création de l’Ecole Centrale de Pékin. Fondée en 2005, celle-ci va diplômer ses premiers étudiants le 7 janvier 2012 ; jeunes Chinois de très haut niveau, ils ont effectué un cursus biculturel de six années et recevront à la fois le diplôme de master le l’Université d’Aéronautique et d’Astronautique de Pékin, partenaire des Ecoles Centrales dans l’opération, et le diplôme d’ingénieur de l’Ecole Centrale de Pékin.

Mais la dynamique ne s’arrête pas là : membre très actif de l’Université de Lyon, elle a amorcé un rapprochement stratégique avec l’EM Lyon, dans le cadre d’un projet de formation conjointe nommé Yin-Yang, qui donne une pertinence particulière au campus de l’ouest lyonnais.

Cette coopération entre deux acteurs majeurs de la formation d’ingénieurs et de cadres commerciaux est également porteuse d’un projet encore plus ambitieux, appelé IDEA. Il s’agit de former, en mobilisant les compétences des deux établissements et en leur adjoignant d’autres talents, des jeunes managers d’un profil nouveau à quatre grandes composantes : Innovation, Design, Entrepreneuriat, Art, d’où le sigle IDEA. Et ce projet totalement innovant devrait se déployer simultanément à Lyon et à Shanghai !

Jean DOREY, directeur de l’école centrale de Pékin

La Martinière hier, aujourd’hui, demain

C’est certainement une des plus anciennes écoles professionnelles de France. Claude Martin, major général de la compagnie des Indes, lègue à la ville de Lyon dont il était originaire, une somme de 2 271 000 francs-or du début du dix-neuvième siècle, à charge d’établir une école destinée à l’instruction et l’apprentissage d’un métier à de jeunes lyonnais.

En 1823 naquit l’école appelée MARTINIèRE selon ses vœux. La ville de Lyon confia à Charles-Henri Tabareau, polytechnicien, par la suite professeur à la faculté des sciences, la direction de cette école. Il conçut l’idée d’une école des Sciences et Arts Industriels. En 1826, des cours de mathématiques et de sciences étaient ouverts dans le palais Saint Pierre.

En 1833, l’école fut transférée dans l’ancien couvent des Augustins. On peut voir au frontispice de l’école la devise de Claude Martin ‘Labore et Constantia’. Pour gérer le legs, la fondation Martin fut créée. Des professeurs éminents, Tabareau, Montmartin et Dupasquier ont inventé de nouvelles méthodes d’enseignement, qui ont assuré à La Martinière une solide réputation en France et à l’étranger.

En 1879, l’école des filles voit le jour selon le vœu de Claude Martin. En 1895, Mme de Cuzieu fit un legs à la ville de Lyon pour construire un bâtiment pour abriter l’école des filles, qui firent leur rentrée le premier octobre 1906. La dévaluation qui suivit la guerre 1914-1918 crée des difficultés financières à la fondation Martin. En 1826, l’état prend le relais. La Martinière devient une ENP (Ecole Nationale Professionnelle). Pour entrer à l’ENP, il fallait passer un concours, les 160 premiers étaient admis. Une annexe située près de Fourvière accueillait les internes, des élèves venant de la région Rhône-Alpes et du Sud-Est. En 1960, la Martinière devient un lycée d’état et en 1962 mixte. En 1967, le lycée se trouve à l’étroit aux Augustins et une annexe est construite à Monplaisir, de même pour les filles qui ont besoin d’expansion, un complexe fut construit à la Duchère.

Les Augustins fusionnent avec le lycée Diderot en 2006 et le lycée se nomme La Martinière Diderot et comprend La Martinière des jeunes filles qui est devenue une école supérieure de Design Rhône-Alpes. La Martinière Diderot accueille 2 400 lycéens et étudiants sur trois sites. La Martinière Monplaisir accueille 900 lycéens, 265 BTS et 700 en prépa des écoles d’ingénieurs françaises comprises parmi les plus prestigieuses. La Martinière Duchère accueille 1 400 lycéens et 1 000 étudiants. Le développement de l’enseignement technique à La Martinière est vraiment spectaculaire. Une centaine d’élèves à sa création à 700 élèves entre les deux guerres, elle atteint aujourd’hui 6 000 jeunes gens et jeunes filles dans l’ensemble des trois établissements.

Marcel Dumonteil (promo 38) – administrateur de l’association des Anciens Martins (secrétaire général pendant 40 ans). En 1751, Claude Martin a 15 ans. Il décide de quitter Lyon, sa famille (un père vinaigrier, et plusieurs frères et sœurs), son patron (il est en apprentissage chez un fabricant de soierie) et s’engage comme soldat de la compagnie française des Indes Orientales.

Ses qualités lui permettent de faire une carrière brillante. Les échecs de la politique française l’entraînent à servir dans la compagnie anglaise des Indes orientales. Il termine en 1795 avec le grade de Major Général. Il se fixe à Lucknow (région de l’Awadh, entre Calcutta et Delhi) et entretient des relations avec les Nababs (le père, puis le fils) qui y règnent. Il obtient la direction de l’Arsenal, cultive et vend de l’indigo, fait office de banquier… à sa mort en 1800, il est un des hommes les plus riches de l’Inde du Nord. Il laisse un palais somptueux dans la campagne de Lucknow, et un testament très précis pour l’usage de sa fortune. Lucknow, Calcutta, Lyon reçoivent des sommes considérables pour établir des établissements scolaires (garçons et filles) qui doivent porter le nom de Martinière.

En 1892, l’Académie des Sciences, Belles Lettres et Arts de la Ville de Lyon arrête, par délibération que La Martinière sera une école gratuite d’arts et métiers, spécialement appliquée au progrès et au perfectionnement de l’industrie lyonnaise.

L’industrie lyonnaise est en plein développement et se diversifie (le textile mais aussi la chimie, les industries mécaniques et bientôt l’électricité). Avec La Martinière, la ville de Lyon se dote d’un outil performant : elle formera des cadres, ceux qu’Arlès-Dufour appelle les « sous-officiers » de l’industrie, des intermédiaires entre le chef et l’ouvrier.

En 1833, l’école s’installe dans l’ancien cloître des Augustins. C’est Charles-Henri Tabareau, polytechnicien, professeur de mathématiques (il terminera sa carrière en doyen de la faculté des sciences) qui est chargé de bâtir le programme de l’école : un cours de chimie, avec des travaux pratiques de manipulations, de teinture, un cours de mathématique associé à un cours de mécanique, un cours de dessin (y compris son côté industriel) M. Tabareau met au point une méthode pédagogique innovante : elle permet à une classe d’une centaine d’élèves de participer activement au cours, grâce à des ardoises données à chaque élève où il fut rapidement mettre son résultat d’un exercice. L’école acquiert une réputation nationale, voire internationale.

En 1926, Edouard Herriot, enseignant de formation, maire de Lyon, ministre du gouvernement Poincaré, rattache les deux Martinière, garçon et puis fille, au Ministère de l’Instruction Publique.

A l’heure actuelle, il y a à Lyon trois lycées de La Martinière, ce qui représente environ 5 700 élèves dont 2 800 étudiants (BTS et classes préparatoires) : La Martinière Diderot, La Martinière Duchère, La Martinière Monplaisir, avec une très grande variété de sections industrielles, chimiques, arts appliqués,…

Les écoles de Lucknow et de Calcutta restent en contact avec la « maison-mère » de Lyon.

Mme Claude Chabrolin (promo 49) – Proviseur de la Martinière Terreux à la retraite – Administrateur de l’association des Anciens Martins Vous l’aurez compris l’enseignement professionnel donné dans les lycées lyonnais La Martinière est pour la ville de Lyon depuis 1826 un enjeu pour le développement de la région. Aujourd’hui cet enjeu est tout aussi important même s’il est maintenant à un niveau plus international. Les classes préparatoires sont un tremplin pour les écoles supérieures, les demandes d’inscription chaque année sont nombreuses et obligent l’étude minutieuse des dossiers pour un choix parfois crucial.

Il nous parait évident, à nous, les Anciens Martins, grâce à un enseignement sachant s’adapter à l’évolution de la société que La Martinière sera encore longtemps présente par sa qualité dans l’enseignement technique de la ville de LYON. La preuve la plus récente est le résultat de la classe de terminale du lycée La Martinière Monplaisir à Orlando (Etats Unis) au concours international de robotique VEX « All star challenge ». Ils sont arrivés 3ème… Bravo à nos petits Martins et aux professeurs ayant permis une telle réussite.

En tant que présidente, responsable de l’attribution des bourses d’enseignement supérieur internes à l’association et de la commission placement, je rencontre tous les jours la preuve de la qualité de cet enseignement. LABORE ET CONSTANTIA reste notre devise « travail et persévérance » depuis toujours et pour encore longtemps.

Sonia BONNETON-DOYEN, (promo 90) Présidente de l’association des Anciens Martins

La SEPR hier, aujourd’hui, demain

C’est dans le contexte des prémices de la Révolution Industrielle, de la naissance et de la croissance rapide du monde ouvrier, de la multiplication des innovations techniques et des changements économiques, que la SEPR a été fondée, en 1864, par François Barthélémy ARLES DUFOUR, homme d’affaires marqué par la doctrine de St. Simon. C’est dans ce creuset que la SEPR a forgé son identité : permettre à tous de s’instruire et de se former tout en restant « indépendant de toute idée constituée, de toute morale philosophique ou religieuse ».

En 1878 la SEPR est reconnue d’utilité publique par Mac Mahon.

A ses débuts, la SEPR a proposé des ateliers-écoles pour la formation aux métiers de la métallerie-serrurerie, de l’ébénisterie, de la chaussure (coupe, piquage et montage), de la confection industrielle, des tailleurs pour dames et pour hommes etc… Le modèle pédagogique est celui de l’atelier d’apprentissage géré en symbiose avec le syndicat professionnel ou la chambre d’apprentissage de la profession, avec, très vite, un développement considérable des cours féminins et des cours mixtes.

La SEPR développe par la suite, des cours de promotion sociale mis en place à la demande de groupes d’ouvriers désireux de s’instruire (cours professionnels sur les machines et outils, puis cours d’enseignement général). A la confluence entre « professionnalisation » et « scolarisation » avec une forte connotation de culture patronale, le modèle mis en place par la SEPR constitue une solution originale qui va assurer la formation de milliers de jeunes lyonnais dans nombre de métiers.

A partir des années 70, la SEPR s’oriente vers une activité qui concerne de plus en plus les jeunes en formation avant une entrée progressive dans la vie professionnelle. Les ateliers-écoles deviendront un Lycée professionnel privé sous contrat d’association avec l’Etat et les cours professionnels pour les apprentis donneront naissance aux CFA.

Aujourd’hui la SEPR forme 3 800 personnes chaque année dans une vingtaine de métiers et poursuit sa vocation :
– Organiser la rencontre entre la demande économique et la demande sociale,
– Donner aux adultes et adolescents une formation professionnelle appropriée,
– Favoriser l’intégration réussie des jeunes et des adultes dans leur vie professionnelle,
– Contribuer efficacement aux politiques de formation professionnelle de l’État, de la Région, des Branches professionnelles, dans le cadre des ambitions européennes de développer une économie basée sur la connaissance et l’inclusion sociale.

Après 146 années de vie, jalonnées d’évènements historiques et d’évolutions législatives, la SEPR est une référence de la formation professionnelle dans la région Rhône Alpes.

Elle est à l’origine de la création du Campus Professionnel Rochaix Feuillat, espace de 7 ha. au cœur de Lyon où la SEPR et ses partenaires accueilleront, en 2013 plus de 4 000 personnes en formation professionnelle.

Véronique FURLAN, Directrice Générale de la SEPR

Enseignement et médailles (XIXe – XXe s.)

L’enseignement est largement représenté dans la numismatique lyonnaise. De nombreuses de familles conservent des médailles scolaires reçues par leurs aïeux. Parfois oubliées au fond des tiroirs, elles témoignent aussi bien de réussites individuelles que de la vitalité des nombreux et variés établissements mis en place à Lyon pour favoriser la l’éducation des enfants ou la formation des adolescents et même des adultes. D’autres médailles, nous rappellent la construction de bâtiments pour abriter maîtres et élèves. Enfin, quelques grandes figures de professeurs ont pris place au cours du temps dans la galerie de portraits des Lyonnais illustres.

L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE

En 1803, après les bouleversements de la période de la Révolution française et les tentatives de laïcisation de l’enseignement, Bonaparte abandonne à nouveau l’enseignement primaire à l’Eglise et autorise la réinstallation en France des Frères des Écoles chrétiennes. À Lyon, leurs écoles remplacent pour les garçons les « petites écoles » de Charles Démia. La Ville leur attribue aussitôt des subventions afin d’assurer la gratuité de la scolarité. Pendant près d’un siècle, les Frères des Écoles chrétiennes ont largement distribué des médailles de récompense aux élèves. A partir de 1840, date à laquelle il fut proclamé « vénérable », ces médailles présentent, assis à son bureau ou debout entouré d’enfants, le père Jean-Baptiste de Lassalle (1651-1719), fondateur de la congrégation. Au revers, sous une croix, figure l’inscription DÉCERNÉE / AU / MÉRITE. L’évolution de la légende de l’avers permet de suivre les progrès de la cause de J.-B. de Lassalle vers la sainteté : béatification en 1888 et canonisation en 1900. Les médailles où s’affirme sa sainteté sont peu abondantes puisque la congrégation doit abandonner ses écoles après le vote en 1904 de la loi lui interdisant l’enseignement en France.

A côté des écoles religieuses, Lyon vit très tôt le développement d’un puissant mouvement de création d’écoles laïques. Dès 1829, la Société d’Instruction élémentaire du Rhône réunit plus de mille souscripteurs qui lui permettent d’ouvrir des écoles gratuites « d’enseignement mutuel ». L’un des ces souscripteurs est Barthélemy Arlès-Dufour qui devient secrétaire général de la Société. En 1833, elle dispose de 12 écoles contre 25 pour les congréganistes et, comme eux, elle bénéficie d’une subvention municipale. Ces écoles distribuent aussi des médailles. Très sobres, avec un soleil rayonnant à l’avers, elles sont un véritable manifeste des conceptions pédagogiques de la Société puisqu’au revers, la légende : ASSIDUITE • APPLICATION • PROGRES • MORALITE entoure l’inscription APPRENDRE / DEMONTRER / SAVOIR. Vers 1855, devenue la Société d’Enseignement primaire du Rhône, elle se dote d’une belle médaille, gravée par Louis Schmitt, représentant la Ville de Lyon distribuant une couronne de laurier. Les exemplaires en cuivre rappellent les prix reçus par les élèves, ceux en argent honorent les enseignants. Après la proclamation de la République, la municipalité élue en 1871, reprend les écoles de la Société d’Enseignement primaire du Rhône et décide de ne plus y distribuer de récompenses «telles que médailles ou croix ». Le Conseil Municipal s’opposa clairement à leur rétablissement en 1878. En 1879, avant même le vote des lois Ferry, la Ville de Lyon décide et applique très rapidement une politique de laïcisation de ses écoles publiques congréganistes. Elle met très rapidement en œuvre une ambitieuse politique de construction d’imposants groupes scolaires à même d’accueillir chacun plus de 700 élèves et permettant l’aménagement des différents quartiers. L’inauguration de ces bâtiments majestueux, donne lieu à de grandioses cérémonies. Des médailles commémoratives, associant la République sous les traits de Marianne et les armes de la Ville de Lyon, sont remises aux participants. Exceptionnellement, pour la Croix-Rousse, la vue des bâtiments, sous le buste rayonnant de la République occupe le champ de la médaille. À partir des 1890, les constructions deviennent plus modestes et la frappe de médailles commémoratives cesse.

L’ENSEIGNEMENT SECONDAIRE

Après la création des lycées par Bonaparte, celui de Lyon s’ouvre en 1803 dans les locaux du Collège de la Trinité. Unique lycée de garçons pendant plus d’un siècle, il reçut le nom d’Ampère en 1888. Si l’on n’y distribua pas de médaille aux élèves, l’Association des anciens élèves en fit frapper plusieurs modèles avec, en particulier une plaquette, composée par le peintre Repelin, qui présente la façade de la chapelle de la Trinité.

L’ENSEIGNEMENT TECHNIQUE ET PROFESSIONNEL

Au XIXe siècle, Lyon vit la création de plusieurs établissements d’enseignement technique ou professionnel particulièrement novateurs. En 1826, la Martinière accueille enfin ses premiers élèves. Elle doit son nom au major-général Claude Martin (1732-1800), qui après avoir fait carrière dans l’armée de la Compagnie anglaise des Indes orientales et fortune dans le commerce, consentit un legs en faveur de sa ville natale. Son testament précisait que cette somme, très importante, devait permettre d’y établir une école « pour instruire un certain nombre d’enfants des deux sexes » et confiait à l’Académie des Sciences, Belles Lettres et Arts de Lyon la mission de « donner le plan de la meilleure institution qui puisse être constamment supportée avec l’intérêt des sommes qu’il donne ». Après bien des débats, l’Académie s’oriente vers la création d’une école des arts industriels et mécaniques. Un académicien, Charles-Henri Tabareau, initiateur d’une nouvelle méthode pédagogique pour l’enseignement des mathématiques en fut le directeur jusqu’à son installation dans ses locaux en 1833. Il contribua, avec l’appui d’Arlès-Dufour, à en faire une école destinée à former le personnel nécessaire au développement et à diversification de l’industrie. Très vite, la Martinière récompensa ses meilleurs élèves par l’attribution d’une médaille nominative. Gravée par Joseph Dantzell, elle présente le portrait de Claude Martin et porte la devise qu’il avait choisie : LABORE ET CONSTANTIA (par le travail et la persévérance). Cette pratique se poursuivit pendant près d’un siècle.

François-Barthélémy Arlès-Dufour (1797-1872), riche négociant imprégné des idées saint-simoniennes, après avoir activement participé à la création de la Société d’Instruction élémentaire du Rhône et défendu La Martinière, contribue à la l’ouverture (1857) de l’École centrale lyonnaise pour l’Industrie et le Commerce conçue comme une « Martinière supérieure ». C’est encore lui qui créa une institution originale : la Société d’Enseignement professionnel du Rhône. Il s’agissait pour lui d’assurer la « formation des ouvriers et des employés afin de lutter contre la misère et l’ignorance ». Faisant appel aux professionnels pour assurer les cours, la SEPR devient rapidement un centre de formation particulièrement apprécié par les employeurs. Dès sa création, suivant le modèle de la Martinière, la SEPR distribua abondamment des médailles de prix.

Après un modèle très sobre, limité à une inscription et une couronne de laurier, Pierre Métral, lui-même professeur de gravure à la SEPR, composa un avers présentant une allégorie drapée à l’antique désignant l’entrée d’un petit temple au fronton duquel on lit COURS. Utilisée jusqu’au début du XXe siècle, peut-être trouvée un peu désuète, elle fut remplacée par des modèles passe-partout de la Monnaie de Paris. Toutes ces médailles rappellent l’importance de cette institution unique en France.

L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

L’Université de Lyon ne date que du XIXe siècle. Après l’ouverture des facultés des Sciences (1833), des Lettres (1838), Droit (1875) et de Médecine (1877), l’inauguration, en 1896, des bâtiments construit par la Ville, Quai Claude Bernard marque l’inscription de l’enseignement supérieur dans le paysage urbain lyonnais. C’est à cette même date que les facultés sont réunies dans l’Université de Lyon.

La Numismatique des établissements universitaires lyonnais est très contrastée. La Faculté de Droit adopte dès sa création la tradition, établie par les autres facultés de Droit, de décerner des médailles de prix à ses étudiants. Comme elles, elle utilise un modèle gravé par Alphée Dubois qu’elle conserve jusqu’à la fin du XXe siècle. Son « héritière », l’Université Lyon 3 fait graver par Paul Penin une médaille à l’effigie de Jean Moulin et, quelques années plus tard, une médaille de grand module, par Jacques Pompanon, avec une vue du bâtiment du quai du Rhône. L’École préparatoire de Médecine et de Pharmacie (ouverte en 1841) récompensait d’une médaille à l’effigie de Xavier Bichat la réussite à divers concours. Devenue faculté, elle institue une médaille de thèse, mais se contente d’utiliser des modèles passe-partout ornés de la tête de la République. En 1977, le centenaire de la Faculté, devenue l’Université Claude Bernard, ouvrit enfin le champ d’une médaille commémorative (par Paul Penin) aux bâtiments du quai Claude Bernard, l’autre face étant consacrée à ceux construits à Grange Blanche.

Pour leur part, les facultés des Lettres ou des Sciences ne distribuèrent pas de médailles. Il faut attendre 1936 pour que l’Université se dote d’une médaille. Destinée aux professeurs ou aux invités de marque, d’un module important, elle est l’œuvre de Louis Muller, qui terminait alors son séjour à la Villa Médicis après son succès au Prix de Rome. Bel exemple du courant Art-déco, elle renouvelle au revers l’allégorie de la confluence du Rhône et de la Saône.

Le monde universitaire est aussi à l’origine d’une véritable galerie de portraits de ses personnalités marquantes. Il s’agit d’une tradition bien ancrée pour le monde médical, avec plus de cent médailles offertes en un siècle. Pour les autres facultés, de telles médailles demeurent exceptionnelles. On peut citer celles des doyens Louis Josserand (par Louis Castex) pour la Faculté de Droit, Adrien Bruhl (par Aleth Guzman) pour celle des Lettres et Charles Déperet (par Marcel Renard) ou Victor Grignard (par Louis Bertola) pour celle des Sciences.

Au terme de ce survol une constatation s’impose : Barthélemy Arlès-Dufour, à qui les Lyonnais doivent tant en matière d’enseignement et de formation, demeurait absent de leur mémoire métallique C’est le mérite de Nicolas Salagnac de lui avoir rendu sa place sur cette belle médaille éditée grâce au mécénat de l’Entreprise Eiffage Construction Rhône.

Jean-Pol DONNÉ, président du Cercle lyonnais de Numismatique, membre de l’Académie des Sciences, Belles Lettres et Arts de Lyon.

Graveur médailleur, au XXIème siécle.

Installé à Lyon où fut frappée, il y a plus de cinq cents ans, la première médaille française, pour le passage de Louis XII et Anne de Bretagne. Ici l’art de la médaille a laissé un riche patrimoine à péréniser. Ici l’antique Lugdunum a fait vivre un atelier de frappe monétaire pour l’Empire Romain. Ici la ville a vu des Maisons et des Hommes de renom qui ont œuvré pour le rayonnement de la médaille : Louis Muller graveur lyonnais, Grand Prix de Rome en 1932. La famille Penin, avec quatre générations de graveurs, la famille Augis, FIA… Mais aujourd’hui le métier vit des heures difficiles.

À l’heure où un monde dirigé par la finance voudrait consacrer l’hyperconsommation, et glorifier les nouvelles technologies pour promouvoir des œuvres standardisées et banalisées, je marque mes créations et je signe que seul l’homme est capable, par des gestes habiles et précis, d’inscrire une intention dans la matière, de susciter des émotions, de prolonger une sensibilité, une vision, un esprit, une âme.

Heureux que ma persévérance sur cette ligne m’ait permis la conquête de belles références :
Ma première commande officielle est la médaille officielle de la ville de Lyon (éditeur la Monnaie de Paris).
Puis la médaille d’honneur pour la Villa Médicis, académie de France à Rome (éditeur Arthus-Bertrand) à la demande de son directeur Frédéric Mitterrand et, surtout, la médaille officielle du Président de la République française (éditeur Arthus-Bertrand).

De belles références dont je suis fier.

Merci au Groupe Eiffage Construction Rhône pour sa confiance renouvelée qui m’a permis de m’exprimer sur divers aspects de ce patrimoine numismatique qui me tient tant à cœur. Il a ainsi contribué à faire connaître mon travail.

Nicolas SALAGNAC, créateur de la médaille.

Triptyque : l’évolution des métiers à Lyon, 3/3 – l’Enseignement

Le choix précis du sujet de ce triptyque : “l’évolution des métiers à Lyon”, porte un regard moderne sur trois métiers qui ont marqué et marquent la ville de Lyon. Il ne s’agit pas simplement de mettre en avant le passé, mais à partir du passé, voir le présent et tendre vers l’avenir, d’où, le choix du mot : “évolution”.

Le troisième “métier” choisi est l’Enseignement.

La première étape, est la mise au point d’une maquette dessinée. Pour cela, je me suis informé et documenté sur l’histoire lyonnaise de l’enseignement. Cette recherche m’a conduit à mettre en avant deux personnages clés : Le Major Martin et Barthélemy Arlès-Dufour.

Puis les architectures de ses lieux d’enseignements, il n’est pas question de tout mettre, il faut faire un choix, ici donc : La Martinière ; une des Universités des Quais du Rhône : Jean-Moulin et un bâtiment moderne, avec la SEPR. Et pour marier l’ensemble une guirlande de livres ouverts.

Deux clins d’œil : un pour l’aire numérique actuel, en partie haute, avec un “@” et un pour la ville de Lyon, plus bas sous le pont de l’Université qui enjambe le Rhône, la belle mosaïque du blason de la ville de Lyon sur les murs de la Martinière.

La deuxième étape consiste à transposer le dessin en bas-relief, par une sculpture trois fois plus grande que la future médaille.

La troisième étape est la reproduction de cette sculpture sur la matrice en acier à l’aide du tour à réduire. Ici, la machine est indispensable, mais la gravure à cet instant reste timide et peu expressive.

Le travail final se fait à la main avec des burins, onglettes, ciselets… le tout suivi au microscope. Cette étape de finition est primordiale, le graveur donne alors son “coup de patte”.

Terminée, la matrice est signée et datée, elle est ensuite traitée thermiquement pour permettre l’édition par frappe des futures médailles.

Remerciements

Gérard COLLOMB, Sénateur – Maire de Lyon, Président du Grand Lyon
Roland SAUSSAC, professeur honoraire CPEC au Lycée du Parc, agrégé d’histoire et docteur d’Etat
Jean DOREY, directeur de l’école centrale de Pékin
Sonia BONNETON-DOYEN, (promo 90) Présidente de l’association des Anciens Martins
Véronique FURLAN, directrice Générale de la SEPR
Jean-Pol DONNE, président du Cercle lyonnais de Numismatique, membre de l’Académie des Sciences, Belles Lettres et Arts de Lyon pour leurs participations aux textes de ce livret.
Aux artisans qui ont contribué au bon déroulement de cette création. La maison Pichard-Balme, éditeur de la médaille.
Pour les documents et iconographies : Mr Jean Dorey ; L’association des Anciens Martins ; La SEPR ; Collection privée de Jean-Pol Donné. Michel Chenevat, directeur régional Eiffage Construction Centre Est et Dominique GAUDIN, directeur Eiffage Construction Rhône pour leur soutien.
Arab HASSAOUI et Thierry MONNIER, directeurs développement et commercial d’Eiffage Construction Rhône.