Nicolas Salagnac reçoit les Palmes Académiques

Remise des Palmes Académiques à Nicolas Salagnac par Gabriel Paillasson le 25 Novembre 2011 à la Chambre de Commerce et d’Industrie de Lyon, invité par son président Jean-Paul Mauduy.Nicolas_Salagnac_Palmes_academiques_DSC_0097

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Mesdames et Messieurs les Élus,
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
Chers Amis Meilleurs Ouvriers de France,
Chers Amis, chère famille,

C’est un très grand honneur de recevoir ce soir des mains de Gabriel Paillasson… cette distinction… de Chevalier dans l’ordre des Palmes Académique…. Merci Gabriel pour tes paroles valorisantes. Très heureux que tu aies accepté d’être mon parrain pour cette remise. J’apprécie ta droiture, ta vision, tes analyses et tes conseils, merci de ton appui et de ton soutien depuis les premières heures. Heureux de partager avec toi et les Meilleurs Ouvriers de France la vie et les actions du bureau des MOF du Rhône depuis 2000.

Merci Mr Jean-Paul Mauduy de nous accueillir et de nous permettre cette belle réception, dans ce lieu symboliquement fort, entre Rhône et Saône.
A quelques pas de là, c’est la confluence, la rencontre de ces deux rivières est la plus belle image de Lyon.
Elle est d’ailleurs fixée dans le marbre de belle manière par le sculpteur Lyonnais André-César Vermare, Grand prix de Rome en 1899, avec son allégorie du Rhône et de la Saône, au pied du Palais de la Bourse.

Nous sommes ici à Lyon, pas la capitale de la France mais celle des Gaules… où persiste d’irréductibles gaulois.

Ici l’art de la médaille a laissé un riche patrimoine à pérenniser.
Ici a été frappée, il y a plus de 500 ans la première médaille française, pour le passage de Louis XII et Anne de Bretagne.
Ici l’Antique Lugdunum a fait vivre un atelier de frappe monétaire pour l’Empire Romain.
Ici la ville a vu des Maisons et des Hommes de renom qui ont œuvré pour le rayonnement de la médaille : Louis Muller graveur lyonnais, Grand Prix de Rome en 1932. La famille Penin, avec quatre générations de graveurs, la famille Augis, FIA… Mais aujourd’hui le métier vit des heures difficiles.
À l’heure où un monde dirigé par la finance voudrait consacrer l’hyperconsommation, et glorifier les nouvelles technologies pour promouvoir des œuvres standardisées et banalisées, je marque mes créations et je signe que seul l’homme est capable, par des gestes habiles et précis, d’inscrire une intention dans la matière, de susciter des émotions, de prolonger une sensibilité, une vision, un esprit, une âme.

Heureux d’être entré dans le nouveau millénaire par cette belle porte qu’est la réussite au concours “Un des Meilleurs Ouvriers de France” en 2000, la meilleure promotion. A mon compte depuis 2003, je développe mes créations pour apporter ma pierre au patrimoine lyonnais et je persévère et tisse des liens entre les anciens graveurs et les plus jeunes.
Heureux aussi que ma persistance m’ait permis de signer et d’accrocher de belles références qui m’aident à exister face à mes concurrents comme la Monnaie de Paris et Arthus Bertrand.

Depuis le 23ème concours MOF, organisé ici à Lyon en 2007, je suis fier de participer au suivi des candidats pour le Rhône. Communiquer la passion d’un groupe d’hommes et de femmes, transmettre sa propre passion aux autres, être à l’écoute pour aider et conseiller au mieux, suivre des candidats au concours, les aider, les renseigner et faire passer l’esprit MOF, est un beau challenge.
En cela j’essaye de rendre ce que j’ai reçu. Je m’inspire de la “Gazette”, le « Pape des Escargots » d’Henri Vincenot, mais surtout de notre Pape des Escargots local : il connaît tout le monde, toujours prêt à aider, à promouvoir, à mettre en relation, il est curieux et à l’écoute des autres… Il est quasiment incollable sur les métiers, il connait tous les MOF. Normal dira-t-il, car comme Obélix il est tombé dedans tout petit. Vous voyez de qui je veux parler : c’est notre Pierre Pignat, bien sur. Merci Pierre.

Mon parcours se décline en 4 étapes : la normande, la bourguignonne, la parisienne et la lyonnaise.

Mon enfance jusqu’à 11 ans, étape Normande :
Ma famille compte beaucoup.
Mon grand-père Robert était ébéniste. J’ai souvenir des odeurs de bois, les meubles en pièces détachées : armoires normandes, chaises et meubles en attente de restauration. Souvenir aussi d’avoir planté plein de clous, fabriqué des formes bizarres et assemblé de nombreuses chutes de bois… c’était Byzance, j’étais dans mon univers.
Un jour, il me dit cette phrase : « Quand tu seras grand, tu iras à l’Ecole Boulle… ».

De 11 à 15 ans, étape bourguignonne :
C’est l’époque du collège. La fin de troisième est une étape d’orientation… j’étais plutôt au fond de la classe vers le radiateur et pas trop présent, à l’image de la chanson de Gérard Le Normand, “les matins d’hivers”.
Me revient alors à l’esprit la prophétie de mon grand-père qui m’aide à m’extraire de cette voie mal engagée…
De 15 à 25 ans, étape parisienne :
Septembre 1985, je fais parti des 60 élèves en première année à l’école Boulle. Merci à mes parents qui à 15 ans m’ont fait confiance pour suivre ma voie loin de la maison.

Je pousse donc les portes de la fameuse école pour devenir ébéniste. Mais c’est l’atelier de gravure en modelé de Pierre Mignot qui m’accueille.
Pierre Mignot est mon maître : type italien, des yeux bleus clairs vifs et perçants, inoubliable. Toujours la même apparence : chemise, cravate et blouse brune… petite barbiche et petite lunette sur le nez dans le style des graveurs de l’époque.
Un homme passionné, curieux, et très paternel. Je lui dois beaucoup. Toujours à nous pousser plus loin, à nous rendre curieux de ce qui nous entoure. Avec cette phrase restée gravée : comment faire mieux ? Merci Monsieur Mignot.
Cinq ans de formation à l’école Boulle, et me voilà au pied d’une montagne, il reste à avancer sur le chemin.
Permettez moi au passage de rappeler que nous sommes quatre frères et sœur : Benoît, Pierre, Caroline et moi-même.
Et nous sommes tous passés par l’école Boulle, c’est notre petite fierté.
Ainsi mon père aura été impliqué et investi dans le conseil des parents d’élèves de Boulle, pendant plus de 15 ans.

Etape lyonnaise :
Avançons un peu, nous sommes en 94, j’ai 25 ans. Salarié chez FIA, je fais mes armes en gravure de médailles. Là, un MOF, Claude Cardot me pousse à me dépasser en gravure. Merci Claude.

En 95, je rencontre Delphine, une belle lyonnaise, avec qui nous avons deux enfants Léonard et Anouk. Delphine apporte à notre famille un bel équilibre… Merci Delphine, merci les enfants.

En 98, nous sommes champion du monde de foot mais surtout je suis en plein concours MOF. Un journaliste de la ville de Lyon me rencontre et écrit dans “Lyon Cité” : Volonté de fer et taille d’acier, mon premier article et quel article, signé Frédéric Guignard-Perret. Merci à toi.
Cette période du concours MOF est particulière. Pendant 3 ans après mes 35 heures, j’ai travaillé à mes sujets de concours.
Mon objectif n’était pas de faire ce que je savais faire, mais de faire mieux. Des anciens m’ont aidé, conseillé, merci encore Claude Cardot et Bernard Turlan retraité de la Monnaie.

En septembre 2000, je livre mon travail à Pierre Pignat. J’ai fait de mon mieux, et je suis à l’heure mais suis-je au niveau ? En novembre, j’apprends que j’ai réussi, je deviens donc MOF, et reçois ma médaille des mains du Président Chirac en Mars 2001.

En 2002, Denis Broliquier, maire du 2ème arrondissement de Lyon et François Royer son adjoint me confient la création de la médaille du 2ème. Merci à vous.
C’était la première commande de ma micro-entreprise… Le soir après mes 35 heures (j’avais pris le rythme avec le concours), je travaillais mes plâtres et ma matrice en acier sur la table de la cuisine.
Une deuxième commande importante marque ma voie, avec la médaille officielle de la ville de Lyon, en 2007, éditée par la Monnaie de Paris. Puis les belles commandes s’enchainent : en 2008, la médaille officielle pour le Président Sarkozy, puis la médaille de la Villa Médicis pour Frédéric Mitterrand, alors directeur de l’Académie de France à Rome, médailles éditées par A. Bertrand…

Merci au groupe Eiffage Construction qui me confie depuis 9 ans la création de belles médailles sur des thèmes liés à la ville de Lyon.
Trois médailles sur Lyon classée au patrimoine mondial à l’Unesco.
Les architectes : Le Corbusier, Tony Garnier et Soufflot.
Les métiers : la Médecine, l’Automobile et l’Enseignement pour la médaille de 2012. Merci Messieurs Chenevat, Gaudin et Hassaoui qui poursuivent aujourd’hui l’impulsion de Mr Raymond Gallet. Merci Raymond.

Merci aussi à ceux qui me soutiennent depuis mes débuts ici à Lyon, je pense à : Mme Levy, anciennement responsable commerciale chez FIA ; A Jean Pol Donné, Président du Cercle Lyonnais de Numismatiques et aux membres du cercle ; A Mr Paul Feuga de l’Académie des Sciences, Arts et Belles lettres de Lyon ; A François Planet, conservateur du médaillier du Musée des Beaux-Arts de Lyon.
Merci à tous.

Pour conclure…, j’ai un regret.
J’ai trop souvent entendu dire dans mon métier : « pour vivre heureux vivons cachés »… Quelle tristesse de ne pas transmettre et de vouloir garder pour soi les secrets du métier. Transmettre, c’est continuer d’apprendre, c’est se confronter et donc évoluer.

On est riche que de ce que l’on donne.

En 2004, le lycée professionnel Ferdinand Fillod dans le Jura ouvre une formation CAP de gravure en modelé en parallèle de Boulle.
Aussi, je partage mon temps professionnel et viens enseigner l’art de la gravure à un petit groupe d’élèves.
Mon atelier de Villeurbanne est ouvert aux anciens élèves qui souhaitent se perfectionner, quelques uns déjà ont poussé la porte.

Ce sont là de belles occasions qui me permettent de rendre ce que j’ai reçu à 15 ans en entrant à l’école Boulle et tout au long de mon chemin.

Merci de votre attention et bonne soirée.

Nicolas Salagnac, graveur médailleur MOF en 2000.

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Les trois MOF Chevaliers des Palmes Académiques : Christian Janier, Michel Gudefin et moi-même.

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Christian Janier, Carole Peyrefitte et Nicolas Salagnac.

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Ma famille : de droite à gauche : Caroline, Papa, Delphine, moi-même, Maman, Benoit et Ingrid. Et puis les enfants : Alexandre, Anouk, Léonard, Jean et Adrien.

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Papa, Delphine, Maman et moi-même et ci-dessous avec nos enfants.

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Très belle soirée, merci à tous.

Voir l’article de Sylvie Razzini, secrétaire des MOF du Rhône sur cette réception des trois récipiendaires : lien.

Photographies Michèle Wolff, merci Michèle.